Guerre en Ukraine: la Pologne et la Slovaquie annoncent la livraison d'avions de chasse

featured image

L’armée de l’air ukrainienne devrait bientôt recevoir ses premiers avions de l’Occident, en l’occurrence 17 MiG-29.

Symboliquement, une étape a été franchie. Après la Pologne, la Slovaquie a annoncé vendredi le transfert d’avions de chasse à l’armée ukrainienne. Kiev en réclame depuis le début du conflit avec la Russie. Les Occidentaux ont d’abord refusé en assurant vouloir éviter l’escalade, avant de réviser leurs positions. Varsovie et Bratislava sont les premières capitales à passer à l’acte publiquement en promettant de livrer dans les prochains jours respectivement 4 et 13 MiG-29 prélevés sur leurs stocks (une quarantaine d’avions cumulés). Les armées de l’air de pays de l’est de l’Europe disposent encore de matériels datant de l’époque soviétique susceptibles d’être utilisés immédiatement par les soldats ukrainiens. « Le processus de cessions de ces avions de chasse a été étroitement coordonné avec la Pologne, avec l’Ukraine, et bien sûr avec d’autres alliés », a expliqué le premier ministre slovaque, Eduard Heger.

Si le nombre d’avions livré est limité, il doit être rapporté à la taille réduite de l’armée de l’air ukrainienne. Même si elle a conservé des capacités pour décourager en partie les opérations russes, elle a été ciblée par les frappes russes en début de conflit. Dans sa dernière évaluation, l’International Institute for Strategic Studies (IISS) dénombre une vingtaine de MiG-29 et une trentaine de Su-27 dans sa dernière édition de février 2023, contre 36 MiG-29 et 34 Su-27 dans l’édition de 2022, avant le conflit. Les chiffres, invérifiables, sont sujets à caution.

À lire aussiGuerre en Ukraine: comment maîtriser l’escalade pour l’Occident?

«La Slovaquie et la Pologne font preuve d’un grand leadership en envoyant les avions de chasse demandés en Ukraine», s’est réjoui le ministère estonien de la Défense sur Twitter. «Nous devons faire plus pour aider l’Ukraine à gagner et à vaincre l’agresseur», a-t-il ajouté en signe d’encouragement.

Le nombre d’exemplaires de MiG-29 est limité en Europe, tout comme leur intérêt tactique. «Nous avons besoin de F-16. Mais les MiG contribueront à renforcer nos capacités», a commenté le porte-parole de l’armée de l’air ukrainienne, Yuriy Ignat. Malgré la pression, les États-Unis excluent pour l’instant officiellement de fournir des F-16. Mais la tonalité a évolué ailleurs. La première ministre finlandaise, Sanna Marin, a assuré le mois dernier être ouverte à la livraison de F-18. Au Royaume-Uni aussi, le gouvernement de Rishi Sunak n’a pas fermé la porte. «Rien n’est exclu», dit-on au sein de l’armée française. «Le défi pour les Ukrainiens, c’est le coup d’après», ajoute-t-on.

D’autres appareils en cours de maintenance pourraient être livrés

La course contre la montre se joue sur plusieurs tempos pour l’armée ukrainienne. Sur le front, actuellement, elle doit résister à la stratégie du «vérin hydraulique» exercée par la Russie. Pour espérer déstabiliser l’ennemi, Kiev devra être en mesure de réussir une offensive dans les prochaines semaines, pensent les analystes militaires. Les chars promis par les Occidentaux devront y participer. Les 14 premiers chars légers français AMX 10 RC sont d’ailleurs arrivés en Ukraine, ainsi que quelques Leopard 2.

Trois des MiG-29 slovaques serviront à alimenter les réserves en pièces détachées indispensables pour assurer la disponibilité du reste de la flotte. Les avions polonais pourront être utilisés pour des missions air-air, c’est-à-dire contre la chasse adverse. Ces avions ont fait l’objet de rénovation pour être adaptés aux standards occidentaux. Ils devraient aussi pouvoir recourir au système de guidage JDAM-ER fourni par les Américains, qui permet de transformer des bombes en missiles, à condition de voler à une certaine altitude. Il faudra déjouer pour cela les défenses sol-air russes.

À lire aussiComment l’armée de l’air ukrainienne a su tenir l’ennemi en respect

Pour reconstituer une flotte et élargir la gamme des possibilités, l’armée de l’air ukrainienne ne pourra pas se contenter de MiG-29. Mais elle devra recevoir des avions capables de décoller de pistes et d’installations rudimentaires. Or, nombre d’avions occidentaux, comme les Typhoon, requièrent un soutien trop lourd pour les conditions de la guerre en Ukraine. Des F-18 seraient plus adaptés, par exemple.

La livraison d’avions de chasse est un enjeu pour les mois à venir. Il faudra en effet du temps pour rendre les matériels opérationnels. Trois à six mois sont nécessaires pour former des pilotes. «Pour mettre en œuvre un Mirage français, il faut former quatorze personnes», pilotes et techniciens, ajoute un aviateur français. En Europe, certains pays ont commencé des formations. Deux pilotes ukrainiens sont aussi allés en mission d’« évaluation » aux États-Unis. Le Royaume-Uni a aussi annoncé vouloir commencer « l’entraînement pour améliorer la résilience de l’Ukraine, probablement après le conflit ».

L’aviation de chasse sera déterminante plus tard pour l’armée ukrainienne. «Il ne s’agit pas d’une priorité pour eux, contrairement aux chars et aux munitions», explique une source diplomatique. Mais, un jour ou l’autre, les aviateurs devront être capables de sécuriser le ciel ukrainien.


Read More

Share on Google Plus
    Blogger Comment
    Facebook Comment

0 Comments :

Post a Comment